Loïc Dauvillier & Marc Lizano – L’enfant cachée Comment expliquer les horreurs de la Shoah à une enfant ? 2012 vient à peine de débuter que voilà déjà mon premier gros coup de cœur l’année ! Située en France, sous l’occupation allemande, au début des années 40, l’histoire contée par Loïc Dauvillier est probablement connue de tous : le port obligatoire de l’étoile, les humiliations, les changements de mentalité, l’exclusion progressive, la clandestinité, les milices, les rafles et…les camps de la mort. Mais comment narrer cette page sombre de l’Histoire à une enfant ? Comment expliquer les pires horreurs dont est capable le genre humain à un petit bout de cinq ans qui doit probablement encore apprendre la vérité concernant le Père Noël ?
Dès les premières pages, le lecteur est inévitablement attendri par cette petite qui s’assied sur les genoux de sa grand-mère en lui demandant de lui raconter son cauchemar… afin qu’il disparaisse…comme sa maman fait quand elle en a un. Même si les atrocités commises sont souvent indescriptibles et que le cauchemar est bien trop horrible pour être narré à une enfant, la grand-mère prend son courage à deux mains et s’élance, utilise des mots simples et se contente de suggérer l’horreur, mais entre les lignes de cette histoire qu’elle a tue pendant trop longtemps et à travers le regard innocent d’une enfant, le récit de Dounia devient encore plus bouleversant. À travers les craintes et les angoisses de cette fillette juive séparée de ses parents et cachée pour éviter la déportation, le lecteur découvre non seulement les atrocités de cette page sombre de l’Histoire, mais également quelques actes de bravoure de la part de voisins, de paysans et de résistants… comme une sorte de lueur d’espoir qui laisse entrevoir l’autre facette du genre humain. Visuellement, Marc Lizano s’installe également dans l’univers des enfants, accentuant cette fausse légèreté qui permet de rendre la confrontation avec la dureté des évènements encore plus terrifiante. Ce style graphique fait de grosses bouilles rondes, parfaitement mis en valeur par la colorisation experte de Greg Salsedo (lisez Ratafia !!!), contribue également à rendre Elsa et Dounia extrêmement attachantes. Réalisé en collaboration avec l’APJN (Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie), ce témoignage s’avère d’une justesse incroyable. Un cauchemar qu’il ne faut jamais oublier… Si, comme moi, vous avez aimé ce récit, je vous invite à lire un autre récit qui questionne le lecteur quant à l’utilité de cacher certaines vérités aux enfants et à visionner le film de Marc Herman qui propose de découvrir les mêmes horreurs, mais à travers le regard d’un gosse de 8 ans dont le père vient d’obtenir le commandement d’un camp de concentration : Jean Regnaud et Emile Bravo.Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill. Mark Herman. The Boy in the Striped Pyjamas.
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