Nous Vous Ille #105. Cases de conscience Il n’a pas la grosse tête, contrairement à ses personnages de bande dessinée. Depuis son appartement rennais, Marc Lizano s’émerveille toujours de voir ses albums traduits en langue étrangère. Deux ans après sa sortie, L’enfant cachée, déjà multiprimé, a ses versions tchèque, israélienne, américaine… «Une exposition est prévue en juin à Dachau ou à Nuremberg. C’est impressionnant.» L’enfant cachée, c’est une petite fille juive obligée de fuir pendant la Seconde Guerre mondiale. « Ma fille Louise n’avait pas cinq ans quand elle m’a demandé ce qu’était une chambre à gaz. Elle avait entendu le terme à la radio. Il n’y a pas d’explication simple. Alors, j’ai utilisé ce que je sais faire – dessiner –pour tenter de rendre compte de cette période. Avec Loïc Dauvillier, le scénariste,nous nous sommes rapprochés de l’association Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie. Avec un tel sujet, on n’a pas le droit à l’erreur. » Les BD se nourrissent de rencontres. Marc Lizano fait la connaissance de la petite-fille de Maurice Leblanc et adapte L’île aux trente cercueils. «Gamin, j’ai été marqué par la diffusion de la série à la télévision en 1979. Je me suis rappelé le climat de malaise et de spleen qui hante ce film.»
Les relations familiales l’inspirent aussi. En témoignent les albums de La petite famille, destinés à un jeune public. «Quand on est petit, on n’arrive pas à imaginer que nos parents, et plus encore nos grands-parents, aient pu être des enfants. J’aborde aussi la question du deuil. J’aime parler de choses sérieuses aux enfants. » Marc Lizano ne regrette pas d’avoir abandonné l’idée d’enseigner la philo pour se consacrer aux livres. «Depuis la fin de mes études, à Rennes, je ne fais que ça : des illustrations pour des romans jeunesse, des dessins pour mes BD. J’ai eu ma petite maison d’édition mais c’était trop compliqué de cumuler les casquettes. J’ai été très gâté. Ma vie est encore mieux que dans mes rêves d’enfant.» Et ça continue avec deux projets en cours. La pension Moreauavec Benoît Broyart, un auteur redonnais, prendra la forme d’une trilogie : «Dans une mystérieuse institution, des enfants sont gardés par des animaux. Ils vont vite comprendre qu’ils feraient mieux de s’échapper…» Vannetais d’origine, Marc Lizano s’est également plongé avec délices dans une adaptation du Cheval d’orgueil de Pierrre Jakez Hélias. «J’ai rencontré sa fille, j’ai eu accès à de nombreuses archives. Le projet est accueilli avec bienveillance par des gens convaincus que la BD n’est pas un sous-genre littéraire.» L’histoire commence en 14, quand le père part au front. Pierre-Jakez Hélias reste avec ses deux grands-pères, paysans finistériens… Pour juger du résultat, il faudra patienter jusqu’en 2015. Nous Vous Ille #105. CORINNE DUVAL Avril 2014.
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